 
- Serge Gainsbourg : Pensées, provocs et autres volutes
Editeur :
Le Cherche Midi
Date de parution : 9 février 2006
Nom : Gainsbourg. Prénom : Serge. Qualifications : petit
voleur, grand faussaire, flambeur, vitriolé, dépressif, pessimiste
forcené, fier, tracard, indélébile, maladroit, addict et violent. Objet le
plus précieux : la femme objet. Occupation favorite : écouter pousser ma
barbe. Principal trait de votre caractère : le trait d'union. Auteur
favori : mon nègre. La chanson française : plutôt consterné que concerné !
Dernière consigne : Ne m'enterrez pas en grandes pompes mais à toutes
pompes !
Sous le titre 'Pensées, provocs et autres volutes'
paraissent les paroles les plus drôles de Serge Gainsbourg. Après Pierre
Dac, Daniel Prévost, Jacques Dutronc, Jean Yann, Coluche et dernièrement
François Mitterrand, Gainsbourg entre dans la collection humoristique 'Les
Pensées', éditées au Cherche Midi. Et ceci à l'occasion du 15ème
anniversaire de sa disparition, le 2 mars 2006.
Les inconditionnels trouveront de quoi passer d'agréables moments et
pourront approfondir leurs connaissances puisque ces "pensées" permettent
réellement de mieux cerner l'une des personnalités préférées des français.
Qu'elles soient extraites de discussions lors de ces apparitions
médiatiques ou de ses chansons, elles offrent un panorama varié de
l'artiste : provocateur, homme à femme mais aussi, et surtout, compositeur
et musicien hors pair.
Le lecteur désireux de découvrir ou de redécouvrir Gainsbourg d'une façon
ludique et originale sera comblé car celui qui se définissait lui-même
comme un grand... [Lire]
Extraits:
J'aime la nuit, j'ai les idées plus claires dans le
noir.
Je ne veux pas qu’on m’aime mais je veux quand même.
On n'écrit pas l'amour avec un stylo à bille. On écrit l'amour avec une
plume Sergent-Major.
Gainsbarre : Tu joues au con tu joues avec les mots
Gainsbourg : Tu as tout faux, je joue avec mes maux
Le dandysme est un comportement au bord du suicide. C'est le choix d’une
attitude, un jeu constant pour échapper à la réalité.
Jacques Brel un jour me dit : "Tu ne réussiras que quand tu auras
conscience que tu es un crooner !" Je lui dis "Moi un crooner, avec ma
sale gueule ?" Eh bien à l'analyse il avait vu juste : "L'Eau à la
bouche", "Je t'aime moi non plus", "Je suis venu te dire que je m'en
vais"… Ce sont des chansons de crooner. De crooner destroy, mais de
crooner !
Sur dix ans de chansons, je compte sur les doigts de la main gauche les
chansons que j'aime. Je vais les compter : "L'Eau à la bouche", "La
Javanaise", "Pauvre Lola", "Docteur Jekyll et Monsieur Hyde" et "Ces
petits riens". Voilà ! Tout le reste : zéro. Ca fait cinq, cinq chansons.
Le reste est à jeter. Tout ça pour dire que je suis aussi vache avec moi
qu'avec les autres.
Plus d'accents, ni grave, ni aigu, ni circonflexe ; plus d'apostrophe, de
barre de t, de points sur les i : un jour j'ai changé ma façon d'écrire
par défi esthétique, en supprimant tout ce qui obligeait ma main à revenir
en arrière.
J'ai trois bagues en platine à l’annulaire. Trois bagues pour trois B :
Bardot, Birkin, Bambou.
Je n'ai pas de Rolls ; j'en avais une, je n'ai gardé que le bouchon du
radiateur. Ça me gonflait - je n'ai pas le permis alors je l'employais
comme cendrier. Je disais à Jane : "Viens, on va fumer une clope dans la
Rolls". J'ai pas de maison secondaire. Le blé, j'aime le claquer en suites
dans les palaces, en objets d'art, en cadeaux somptueux, en gadgets
audio-visuels dernier cri, en restos, en boîtes, en pourboires... Mais
certainement pas en fringues ! J'ai deux jeans et cinq chemises, à
l'inverse de certains fauchemen qui ont quinze costards et trente paires
de pompes.
J'distribue les swings et les uppercuts
Ca fait VLAM ! ça fait SPLATCH ! et ça fait CHTUCK !
Ou bien BOMP ! ou HUMPF ! parfois même PFFF !
SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !
Dans "Je t'aime moi non plus" la phrase importante est L’amour physique
est sans issue. C'est une phrase que je trouve très morale. "Je t'aime",
dit la fille dans un élan de passion et le garçon qui est beaucoup plus
rigoureux dit, ne la croyant pas "moi non plus". Parce que l'amour
physique ne suffisant point aux passions, il faut s'en référer à d'autres
arguments. C'est la chanson la plus morale que j'ai jamais écrite.
La vraie difficulté ce sera de stopper définitivement la cigarette. Parce
que me priver du tabac c'est me priver de sa gestuelle qui, comme un
rituel immuable, m'amenait à la concentration nécessaire pour l'écriture.
Je manipulais mon briquet Zippo. Il y avait l'odeur de l'essence et
l'acier poli dans ma main. La cigarette que l'on allume lentement, cette
première bouffée avant de la déposer dans le cendrier pour saisir le
stylo... C'est surtout ça qui va être dur, qui va créer le véritable
manque.
Je suis déjà mythique. Je le dis sans orgueil. Seule ma mort y mettra fin.
Et encore. Je passerai à la postérité pour quelques années.

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