 
- Ca plane ! Délire et des larmes par Plastic Bertrand
et Olivier Monssens
Editeur :
Editions du
Rocher
Date de parution : Février 2008
Sur
son nuage
Plastic Bertrand a vendu plus de vingt millions de disques. Son Ça
plane pour moi, tube mondial en 1978, classique international de
la chanson rock, a été repris par des groupes américains comme Sonic
Youth, The Presidents Of The United States Of America, Leyla Kay (une
protégée de Prince) ou les Red Hot Chili Peppers. On a retrouvé ses
chansons sur des bandes originales de films comme Three Kings
(avec Georges Clooney), Me Myself And I (avec Rachel
Griffiths)...
Au cours de sa carrière – qui a largement dépassé les frontières de la
francophonie – il a récolté des médailles et récompenses en pagaille :
15 disques d'or, 5 disques de platine, le Billboard Award
(États-Unis), le Grand Prix de l'Académie du Disque (France),
le Prix SABAM (Belgique), la Rolls Royce Cup (Italie),
le Grand Prix du Midem, le Who's Who Of The Year, etc.
Une fois qu'on a dit ça, on est content pour lui, mais on n'en sait
pas plus sur le personnage ni sur sa musique… Certes, on pourrait
rappeler qu'il suffit d'un seul passage chez Michel Drucker, fin 1977,
pour faire de lui une star des hit-parades. On pourrait énumérer les
succès super sympas qu'il aligna jusqu'au début des années 1980 : sa
reprise de Bambino, Le Petit Tortillard, Tout petit
la planète, Sentimentale moi, Stop ou encore, etc.
Ou encore jouer la carte de la nostalgie en se souvenant de ses
innombrables apparitions à la télévision, qui lui permirent de marquer
profondément la mémoire collective.
Mais là encore, il nous manque une dimension essentielle. Qui se cache
derrière l'image du punk gentil qui sautillait sur Ça plane pour moi ?
Une marionnette entre les mains de ses producteurs ? Un cynique qui
surfe depuis 30 ans sur la vague d'un premier succès phénoménal ? Un
garçon qui fut totalement dépassé par les événements, qui fut emporté
dans un tourbillon médiatique dont personne ne ressortirait indemne ?
Eh bien non, au risque de décevoir ceux qui voient le mal partout :
derrière le punk gentil se cache tout simplement… un punk gentil ! Un
personnage 100% charmant, 100% drôle, 100% excessif et délirant, comme
le montrent ses toutes récentes chansons (bientôt chez votre disquaire
favori, tout de suite sur son site officiel (www.plasticbertrand.com),
comme Lady Barbarella, Edgar Allan Proust ou Les Imbéciles. Des
chansons électro-rock dans la droite ligne de ce qu'il nous proposait
voici une trentaine d'années…
La force de Plastic Bertrand, c'est de n'être jamais redescendu de son
nuage. Il s'est rêvé superstar, quelque part entre David Bowie et
Claude François, quand il était adolescent. Un pur fantasme, qui s'est
concrétisé au-delà de ses espérances – or, tous les psychanalystes
vous le diront, pour préserver son équilibre mental, il vaut mieux
qu'un fantasme le reste… Il a tout connu : les bulles du champagne,
les limousines, les palaces, les vols transatlantiques, les caprices
qu'un claquement de doigt suffit à satisfaire. Le trip sex & drugs &
rock'n'roll vécu à fond les manettes. Comment résister à un tel
tsunami, prolongé durant quatre années de pure folie ? Comment
survivre, ensuite, à la chute, aux traversées du désert, aux retours
perdants, aux espoirs explosés en plein vol ?
D'autres, ayant vécu le dixième des aventures que Plastic vous raconte
dans ce livre, en seraient sortis aigris, désabusés, méchants,
cherchant des coupables à leurs malheurs. Mais au fond de la
dépression – et ne nous voilons pas la face, il en a traversé de
sévères – Plastic a toujours sur rebondir, grâce à une énergie
stupéfiante, un sens de l'humour à toute épreuve, une capacité
rarissime (surtout dans ce métier) à pratiquer en toute circonstance
la plus saine autodérision. C'est cela aussi, être un punk gentil : un
mélange de no future, de frénésie positive, de mépris du lendemain, de
profonde générosité envers son public, de totale mégalomanie mais
aussi de simplicité bouleversante. Pour raconter sa vie, ses hauts
insensés, ses bas abyssaux, il aurait pu choisir le mode du pathos, du
superlatif, de l'enthousiasme forcé, de l'arrogance nombriliste. Mais
rien de tout cela : vous tenez entre les mains l'un des livres les
plus drôles et les plus tristes qui soit. Une tragicomédie aux
rebondissements parfois tellement ahurissants qu'on les croirait
inventés – mais tout est vrai !
Plastic Bertrand a passé le cap de la cinquantaine. Regardez-le
chanter Ça plane pour moi à la télévision, écoutez ses dernières
chansons : ce garçon aurait-il vendu son âme au Diable pour être aussi
sataniquement jeune de corps, d'âme et de cœur ? Ou bien est-ce parce
qu'il est toujours resté profondément ado, à jamais perché sur son
nuage ? Pour l'y rejoindre, rien de plus simple : tournez la page !
- Gilles Verlant
La
couverture en PDF
www.plasticbertrand.com
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