On pourrait parler de son élégance, de son sourire, de son infatigable optimisme, mais ce serait oublier que Sophie de Sivry était également une incroyable stratège, engagée, brillante, déterminée.
Je crois que je commence à aimer vraiment les gens quand j’aperçois l’animal en eux. En ce qui concerne Sophie, c’est arrivé environ six mois après notre rencontre. Elle m’accompagnait à l’une de mes premières séance de dédicace. Je signais chaque exemplaire de La Vraie Vie un peu éberluée, ne comprenant toujours pas ce que je faisais là. Sophie allait et venait, me proposait à boire, à manger, serrait des mains, embrassait des joues. A un moment elle s’est plantée à côté de moi et n’en a plus bougé. Au bout de quelques minutes, comme je l’interrogeais des yeux, elle m’a répondu, la nuque raide « il y a cet éditeur qui rôde, il attend que je m’éloigne pour venir te parler » A ce moment l’éditeur en question a tourné la tête vers nous et au regard qu’elle lui a lancé, j’ai compris que j’étais assise à côté d’une louve.
Sophie m’a accompagnée dans mes premiers pas d’autrice, m’a rassurée, a tout compris de mes hésitations, de mes peurs. Elle a accueilli chaque texte comme un cadeau, avec son enthousiasme débordant et son ardeur à le défendre. Etre l’autrice d’une telle éditrice a été un privilège immense, appartenir à son clan, un honneur. Les enseignements qu’elle m’a transmis continueront de façonner les romans à venir. Elle vivra dans chacun d’entre eux. Merci Sophie.