Pierre Assouline : La rentrée en fanfare des premiers romans (La république)

Dans La vraie vie (270 pages, 17 eurosL’Iconoclaste) d’Adeline Dieudonné (née en 1982)la narratrice, une fille de 15 ans, vit entre un père brutal, cynique, adhérent d’un club de tir, très chasse-pêche-et traditions, et une mère abrutie de coups et résignée à sa situation de souffre-douleur (« une amibe »). Elle est prête à tout pour assurer le salut de son petit frère de 11 ans et le soustraire à ce destin en « empêchant la vermine de manger son cerveau ».Lui rendre son rire en lui faisant oublier le spectacle de la violence familiale. Pour y parvenir, elle doit affronter avec ses faibles moyens, et malgré sa jeunesse, un chaos sordide. Un climat de terreur quotidienne imposée par le père. Elle résiste en se barricadant dans le royaume intérieur qu’elle s’est construit. La scène de chasse nocturne où elle est la proie est puissante. Comme le sont tous ces moments où ce qu’elle appelle « la hyène » s’empare de l’esprit et du corps de son père pour libérer ses pulsions de mort. Au-delà d’un simple fait divers de bas de page, ce vrai roman est un paquet de rage froide, de douleurs, de peurs et de colères. Malgré la noirceur du propos, il est animé d’une énergie incroyable. L’auteure réussit à rendre la tragédie familiale réjouissante tant l’écriture de ce récit compact est vive, enlevée. Une musique étourdissante s’en dégage. Un ton nouveau. Cette chronique de la survie dans une société dominée par la violence, je l’ai reçue comme un coup de poing.

Pierre Assouline – 22 août 2018 – www.larepubliquedeslivres.com

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Autant en emporte la vie

[PRESSE] Adeline Dieudonné, auteure de La Vraie Vie, a été photographiée le 11 juillet dernier, aux côtés de Pauline Delabroy-Allard, qui publie Ça raconte Sarah, aux Editions de Minuit. Le shooting, pour le numéro du 17 août 2018 pour le magazine ELLE, a été réalisé par le photographe Jean-François Robert. Quelques images du making of  sur www.instagram.com

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Marianne Payot : Enfer domestique (L’Express)

Avec son premier roman, La Vraie Vie, Adeline Dieudonné dresse le portrait implacable d’une famille écartelée entre le bien et le mal.

Il est toujours enthousiasmant, voire impressionnant, d’assister à l’émergence d’un écrivain. Mais rendons au royaume de Belgique ce qui lui appartient, la Fédération Wallonie-Bruxelles ayant déjà distingué cette comédienne de théâtre de 36 ans pour sa nouvelle Amarula, l’histoire piquante de l’amitié entre une jeune vendeuse de sextoys à domicile et son voisin, un veuf de 96 ans.

Adeline Dieudonné. (c) S. Remael/SDP

Pas de vibromasseur dans le premier roman de la Belge Adeline Dieudonné, La Vraie Vie, mais une chienne, quelques biquettes, des bêtes empaillées et une famille pas vraiment reluisante, entre un père aux passions grossières – la chasse aux animaux sauvages, la télé et le whisky – et une mère craintive, réduite à l’état d’amibe sous les coups de son mari, le tout dans le pavillon gris d’un lotissement tristoune.

La narratrice n’est autre que la petite fille de 10 ans de ce couple peu aimant, dont le seul rayon de soleil est le rire magique de son jeune frère, Gilles, 6 ans. Un rire qui s’éteint le jour où le marchand de glaces meurt devant eux, le visage transpercé par son siphon à crème Chantilly. Le temps s’accélère, les étés passent, l’état de Gilles se dégrade, bientôt habité par l’âme cruelle de la hyène naturalisée du père. Malgré les tentatives désespérées de sa soeur, surdouée en sciences et maths, qui cherche à remonter le temps, la vilaine vie s’ancre.

La fable se noircit, toujours plus, jusqu’à une cauchemardesque nuit d’horreur, admirable scène d’anthologie digne de La Nuit du chasseur. Candide mais aussi impétueuse, caustique et volontaire, la narratrice résiste : « Ma course devait me faire traverser la planète, passer dans un autre monde, ça n’avait aucune importance. Je n’étais pas une proie, putain. Jamais. »

Restent alors 70 pages d’éclatante angoisse et de pur plaisir. C’est peu dire que la nouvelliste Adeline Dieudonné a trouvé le souffle et la juste note pour faire vibrer le lecteur. Le verbe haut et la verve au bout de la plume, telle une fleurettiste chevronnée, la primo-romancière force le respect. Et a d’ores et déjà glané des nominations dans quatre prix littéraires de la rentrée. Des débuts aussi fracassants que ceux de son « aînée » Amélie Nothomb, en 1992, avec Hygiène de l’assassin. Il y a pire ascendance.

Marianne Payot – 20 août 2018 – L’express

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Quels sont les livres à ne pas manquer pour cette rentrée littéraire ? (Cnews)

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J-13 !

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La vraie vie … rendez-vous le 29 août !

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La vraie vie, déjà sélectionné pour quatre prix littéraires

La Vraie Vie, d’Adeline Dieudonné, à paraître le 29 août prochain, est déjà sélectionné pour quatre prix littéraires actuellement en cours : 

  • Le 17e Prix du Roman Fnac 2018, sélectionné par un jury composé de 400 libraires et 400 adhérents. Les noms des finalistes seront dévoilés le 27 août et le Prix sera remis lors de l’inauguration du 3e Salon Fnac Livres, le vendredi 14 septembre à 17h à la Halle des Blancs Manteaux, par l’écrivain Daniel Pennac, invité d’honneur.
  • Le 4e Prix « Envoyé par La Poste » : créé en 2015, ce prix récompense un ouvrage découvert par un éditeur, sans autre talent que celui de l’auteur, qui a adressé son manuscrit à un comité de lecture par voie postale.
  • La Vraie Vie apparaît dans la première sélection du Prix Stanislas 2018, qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire : présidé par l’écrivain Leïla Slimani, ce prix récompense l’auteur d’un premier roman, publié à la rentrée de septembre. Il sera remis le 8 septembre prochain, à l’occasion de la 40e édition du Livre sur la place à Nancy.
  • Le Prix Filigranes : créé en 2016, ce prix a vocation à récompenser un livre de qualité, accessible à tous. Le jury est présidé par Thomas Gunzig et est composé de 44 personnes. Le lauréat sera annoncé le 21 septembre prochain.
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Bonobo Moussaka au trac

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La vraie vie, une critique d’Amandine Glévarec

Ça commence comme une blague, une méchante blague à la Stephen King. Notre héroïne, jeune anonyme au je, partage sa vie entre son amour de petit frère, son tyran de père et son amibe de mère. L’enfance encore, nimbée de peurs déjà, de violences et parfois du doux réconfort de l’heure de La Valse des fleurs, le carillon du marchand de glaces. Gourmandise, péché capital, une pointe de chantilly interdite sur sa chocolat-stracciatella, le siphon explose, la tête du marchand de glaces explose, l’enfance explose, le petit frère implose. Trois longs jours il gardera le silence, seul le regard de la hyène, celle que l’on a entendu ricaner quand le silence se coulait en sang, celle de la chambre aux cadavres du père chasseur, celle qui se planquait sous nos lits de mômes, lui redonnera un semblant de vie. Et puis, mystérieusement, les chats du quartier se mettent à disparaître…

Un soir d’été, ma mère avait fait des pêches au thon que nous avions mangées sur la terrasse en pierre bleue qui donnait sur le jardin. Mon père avait déjà déserté pour s’installer devant sa télé, avec sa bouteille de Glenfiddich. Il n’aimait pas passer du temps avec nous. Je crois que, dans cette famille, personne n’aimait le moment où on se retrouvait réunis autour du repas du soir. Mais mon père nous imposait ce rituel, autant qu’il se l’imposait à lui-même. Parce que c’était comme ça. Une famille, ça prend ses repas ensemble, plaisir ou pas. C’était ce qu’on voyait à la télé. Sauf qu’à la télé, ils avaient l’air heureux. Surtout dans les pubs. Ça discutait, ça riait. Les gens étaient beaux et ils s’aimaient. Le temps passé en famille nous était vendu comme une récompense. Avec le Ferrero Rocher, c’était supposé être la friandise à laquelle on a droit après les heures passées à travailler au bureau ou à l’école. Chez nous, les repas familiaux ressemblaient à une punition, un grand verre de pisse qu’on devait boire quotidiennement. Chaque soirée se déroulait selon un rituel qui confinait au sacré. Mon père regardait le journal télévisé, en expliquant chaque sujet à ma mère, partant du principe qu’elle n’était pas capable de comprendre la moindre information sans son éclairage. C’était important le journal télévisé pour mon père. Commenter l’actualité lui donnait l’impression d’avoir un rôle à y jouer. Comme si le monde attendait ses réflexions pour évoluer dans le bon sens. Quand le générique de fin retentissait, ma mère criait : « À table ! »

Pour l’ambiance, vous l’aurez compris, nous nous situons entre un très bon roman fin d’enfance du King et une Alice passée de l’autre côté du miroir. Les adultes – le père surtout – enlèvent leur masque et derrière ne se cache pas un clown, mais bien un Ça. Les balades, en famille, en forêt, tournent au plus pur cauchemar, nous aurions craint de l’imaginer que nous serions encore passés à côté. Le petit frère si adorable des premiers temps, malgré son tout jeune âge, devient carrément inquiétant et la mère, la mère l’amibe, reste figée, incapable d’échapper à la violence dont elle est la première victime. C’est d’ailleurs ce qui est remarquable, tragique et sidérant, dans ce premier roman de la jeune Belge Adeline Dieudonné, toutes les femmes sont victimes, et dans le même temps c’est le récit de la fin d’enfance d’une gamine forte et volontaire, perdue entre ses désirs et ses rêves, percluse de douleurs et de drames, qui va tendre sa volonté comme un arc et subir, supporter, renverser, accepter, accepter tout, même l’inimaginable. Un pur roman féministe d’une pure héroïne d’à peine quinze ans qui nous transporte dans sa quête effrénée de rétablir un minimum d’amour et de sagesse dans son monde qui devient fou, complètement fou. Une herbe sauvage, une herbe folle, qui bon an, mal an, dans la tourmente qui l’agite et qui agite les siens continue de pousser droit, fière et belle. Quand le retour en arrière est impossible, quand la transmission est impossible, de quoi se nourrit-on ?

À la maison, j’avais fabriqué de nouvelles marionnettes, inventé de nouvelles histoires. Il s’asseyait devant moi, mon tout petit spectateur. Je lui parlais de princesses qui se prennent les pieds dans leur robe, de princes charmants qui font des prouts, de dragons qui ont le hoquet… Finalement, sans trop savoir pourquoi, je l’ai emmené dans la chambre des cadavres. Mon père était au travail et ma mère s’était absentée pour faire des courses. Lorsque nous sommes entrés dans la chambre, j’ai senti le regard de la hyène dans mon dos. Mes yeux ont soigneusement évité de rencontrer les siens.

C’est à ce moment-là que j’ai compris. Ça a fondu sur moi comme un fauve affamé, lacérant mon dos de ses pattes griffues. Le rire que j’avais entendu quand le visage du vieux avait explosé, il venait d’elle. La chose que je ne pouvais pas nommer, mais qui planait, cette chose vivait à l’intérieur de la hyène. Ce corps empaillé était l’antre d’un monstre. La mort habitait chez nous. Et elle me scrutait de ses yeux de verre. Son regard mordait ma nuque, se délectait de l’odeur sucrée de mon petit frère.

En quoi ce roman est-il uppercut ? Il vous faudra patienter quelques semaines pour découvrir l’intrigue de ce petit miracle qui empêche qu’une seule seconde on le repose. Son auteure vient du théâtre, est-ce grâce à cela qu’elle a su tisser sa trame avec adresse, sans temps morts, sans fausses notes ? D’une écriture qui ne se veut pas littéraire mais foncièrement vivante, elle a su créer un personnage vieillie trop vite, oscillant entre la candeur de l’enfance, avec cette naïveté qui sait se montrer drôle, et la violence d’un passage à l’âge adulte qui ressemble plus à un rite initiatique qu’à la cocasserie de nos adolescences chips, coca et grands drames existentiels. Dans La Vraie vie notre anonyme n’a pas le temps de voir passer ces six étés, six étés à se planquer, à tenter malgré tout de devenir soi, six étés jusqu’à une soirée de trop, paroxysme qui vous transcendera, qui la transcendera, autant qu’il vous mettra les larmes aux yeux (et la rage à la gorge). C’est très, très réussi, ça sort le 29 août, et vous en entendrez vite (et longtemps) parler, patience !

Amandine Glévarec / Kroniques.com

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Bonobo Moussaka à ProPulse Festival!

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